DECRYPTAGE: LA SICOR pourrait-elle devenir la future STAR de la BRVM ?

LA SICOR pourrait-elle devenir la future STAR de la BRVM ?

Le 02 novembre 2016, la presse économique faisait état de la signature d’un protocole d’accord entre la SICOR et les populations villageoises. Cet accord ouvrait la voie à une reprise des activités de ladite entreprise avec un plan d’investissement de 6 milliards. Un mois plus tard, l’action SICOR a vu son cours progresser de 47% pour s’échanger à 8 100F. Au-delà de l’euphorie suscitée par cette relance, il m’a paru intéressant d’enquêter pour comprendre pourquoi des investisseurs sont prêts à mettre autant d’argent sur une boite à l’agonie.

Enquête sur une société dont les perspectives de croissance pourraient en faire la future star du marché financier ouest africain.

I- PRESENTATION DE LA SICOR

Créée le 16 septembre 1998, la SICOR est issue du processus de privatisation de la SODEPALM. Historiquement orientée vers la production de coco râpé, la société s’est progressivement tournée vers les huiles de coco vierge et de coprah. Ainsi en 2004, les ventes de coco râpé constituaient 60% du chiffre d’affaires (C.A) contre 24,6% pour les ventes d’huile. En 2008, avant le blocage des activités, les ventes de coco râpé ne représentaient que 0.2% du C.A contre 94% pour les huiles.

Le 30 janvier 2009, des jeunes riverains de Grand Lahou et Jacqueville ont bloqué les sites agricoles de la compagnie dans ces localités. Le motif évoqué était le non-respect supposé du protocole entre la SICOR et les populations. Cette situation qui a duré plusieurs années a gravement perturbé le fonctionnement de la SICOR. La société a dû se contenter de vendre des noix de coco brutes pour survivre (à titre d’exemple, 11 875 tonnes vendus à l’état brut en 2012).

Au 31/12/2014, la situation financière de la société n’était pas très reluisante. Ses capitaux propres négatifs s’élevait -122 millions avec un report débiteur de 2,368 milliards. Les données de 2015 ne sont pas encore disponibles mais considérant le fait que les conditions d’exploitation étaient identiques à celles de 2014, on peut s’attendre à des chiffres semblables.

Ainsi, c’est avec joie et soulagement que toutes les parties (la SICOR, les populations et l’Etat) ont accueilli ce protocole d’accord qui ouvre la voie sur une reprise certaine des activités.

II- LES PERSPECTIVES SUR LE MARCHE INTERNATIONAL

Pendant ce temps, le marché international de la noix de coco a beaucoup évolué et de nouveaux produits sont apparus aujourd’hui. Mais avant, il est bon de préciser ceci, la noix de coco peut fournir trois produits en fonction du stade de maturation. Le premier produit appelé EAU DE COCO est obtenu à partir de noix encore vertes. Le second produit, L’HUILE DE COCO VIERGE est obtenu du lait de coco. Le dernier L’HUILE DE COPRAH est extraite de l’amande ou coprah broyé.

1- L’EAU DE COCO

Le marché mondial de l’eau de coco est en ébullition. Ses origines remontent à 2004 mais l’histoire a véritablement démarré lorsque Madona a investi 1,5 millions d’USD en 2010 dans une petite maque en 2010. En effet, cette eau qui a de très grandes vertus nutritives et a été recommandé par la FAO aux athlètes comme boisson énergétique. Aujourd’hui cette boisson est la coqueluche des américains et selon des sources de cette industrie, la vente au détail dans ce pays approcherait les 2 milliards d’USD par an. Selon la société de recherces Technavio, le marché mondial de l’eau de coco devrait croitre de 25% par an entre 2015 et 2020.

 

2- L’HUILE DE COCO VIERGE

L’huile de coco vierge est aussi bien utilisé en cuisine qu’en beauté et on lui prête de multiples qualités (antivirale, antibactérienne, antifongique, antipelliculaire, aide à réguler le taux d’insuline, stimuler la repousse des cheveux, permet de lisser les pores, de stimuler la thyroïde…). Cela a conduit à une forte demande en Europe et aux USA notamment pour les stars et autres top models. Malheureusement, je n’ai trouvé aucun chiffre pour illustrer cette croissance

3- L’HUILE DE COPRAH

Aussi appelé huile de coco raffiné, cet ingrédient est peu connu mais présent dans de nombreux produits (crèmes glacées, margarine, suppositoires, shampoing…). Elle est difficilement substituable et pourtant elle manque sur le marché mondial à cause du développement des deux produits cités plus haut. En effet, les paysans commencent à exploiter leurs noix de coco en vue d’offrir de l’eau plutôt que de l’huile. Conséquence, le prix de l’huile de coprah a doublé en un an pour atteindre son plus haut niveau depuis 5 ans.

III- LA SICOR AUJOURD HUI

La SICOR reprend ses activités dans un contexte international très favorable. Avant les perturbations de 2009, elle réalisait un C.A moyen de 3,2 milliards environ pour un résultat net moyen de 130 millions (données 2007-2008) uniquement avec la vente de l’huile de coprah. Aujourd’hui, entre l’eau de coco, l’huile de coco vierge et l’huile de coprah, les dirigeants de cette entreprise ont plusieurs cordes à leur arc. On comprend mieux pourquoi beaucoup d’efforts ont été entrepris pour trouver un accord avec les populations villageoises. Toutefois les défis à venir restent importants. Les outils de production doivent être renouvelés et les plantations remises à niveau. Un plan d’investissement de 6 milliards a été annoncé mais toute cette remise en état nécessitera du temps.

La SICOR sera-t-elle prête pour profiter de la croissance qui se précise dans son secteur?

Avec 10 600 ha de plantations à nouveau sous contrôle et le soutien de l’Etat (armistice fiscale), la SICOR a toutes les cartes pour tenter de devenir le futur champion de la croissance à la BRVM.

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