INTERVIEW DE M. DAOUDA, PDT DE L APBEFCI

NEWSMARKET DU 29.04.2020: INTERVIEW DU PDT DE L APBEF CI M. DAOUDA COULIBALY

Dans cet entretien avec La Tribune Afrique, Daouda Coulibaly, président de l’Association professionnelle des banques et établissements financiers de Côte d’Ivoire (APBEF-CI), revient, entre autres, sur les mesures prises par le gouvernement et la BCEAO pour accompagner les opérations du secteur au bénéfice des entreprises pendant la crise économique liée au Covid-19.

Les banques sont au cœur des plans de riposte économique contre la crise sanitaire du coronavirus qui frappe la planète. En Côte d’Ivoire, le Premier ministre Amadou Gon Coulibaly annonçait fin mars une batterie de mesures confirmées par la Banque centrale des Etats d’Afrique de l’Ouest (BCEAO) et visant notamment à encadrer la démarche des banques pendant la crise. Ce sont entre autres des moratoires sur les crédits et des restructurations de dettes que doivent opérer les établissements financiers, afin d’aider les entreprises et les ménages à garder la tête hors de l’eau, tout en gardant une marge pour le financement des opérations incontournables.

La Tribune Afrique – Comment les banques ont-elles accueilli les mesures prises par la BCEAO pour à atténuer les effets de la crise sanitaire du COVID-19 sur l’économie ?

Daouda Coulibaly – L’approbation de la Banque centrale pour mener toutes nos actions de crise nous aide à réaliser cette prise en charge plus sereinement. Dans le contexte actuel, nous, banques, n’avons pas beaucoup de choix. Nous sommes contraints de trouver le meilleur ajustement pour aider les entreprises qui sont en difficulté et qui sont nos clientes. Le report des échéances fait partie des solutions que nous avions proposées. Lorsqu’une entreprise qui fait dans l’hôtellerie ne peut pas honorer ses engagements à cause de la crise, la banque a deux choix : soit elle poursuit l’entreprise, soit elle essaye de restructurer son crédit. Nous optons pour la seconde option parce que, malgré leur bonne foi, la crise fait que certaines entreprises sont incapables de payer.

Si nous n’avions pas l’approbation de la Banque centrale et que les banques accordaient délibérément des moratoires, ces clients – entreprises et ménages – seraient considérés comme des clients douteux, des clients litigieux. Dans le contexte actuel, avec la Banque centrale, un chapitre spécial est ouvert, permettant à ces clients en difficultés suite au COVID-19, de ne pas être considérés comme des clients douteux. C’est en cela qu’on peut saluer la démarche des autorités.

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Y a-t-il des garanties pour les banques ?

Cette disposition n’offre pas de garantie aux banques. Parmi les mesures annoncées par le Premier ministre [Amadou Gon Coulibaly, NDLR], figure un plan de soutien aux entreprises à raison 100 milliards de Fcfa et de 150 milliards de Fcfa pour respectivement les grandes entreprises et les PME. Nous regardons avec le gouvernement pour déterminer le mécanisme qui nous permettra, à nous banques, d’être à même de soutenir le maximum d’entreprises, tout en évitant de nous mettre en difficultés. Le Premier ministre a également parlé du Fonds de Garantie des PME. Nous verrons avec ce Fonds que faire pour profiter de sa garantie pour les crédits mais aussi les restructurations que nous réaliserons pendant cette période. Enfin, je sais que les Bailleurs de Fonds regardent également comment apporter leur appui au secteur privé.

La BCEAO a boosté de 340 milliards de Fcfa à 4 750 milliards les ressources hebdomadaires mises à disposition pour le refinancement des banques. Le risque de liquidité est-il écarté ?

D’une façon générale, nous n’avons pas encore de rush sur la liquidité. Je ne dis pas que cela ne pourrait pas venir. C’est d’ailleurs en prévision d’un tel risque que la Banque centrale a anticipé en augmentant les capacités de refinancement des banques. Grâce à ce dispositif, les banques pourront avoir ce dont elles ont besoin dans ce contexte de crise.

Les entreprises ne cachent pas leurs inquiétudes. A quoi s’attend le secteur bancaire dans semaines ou mois à venir ?

Si les entreprises sont inquiètes, les banques ne peuvent qu’être inquiètes. Les banques sont le réceptacle de toutes les difficultés issues de l’économie pendant la pandémie. Considérons des secteurs comme l’hôtellerie et la restauration qui sont frappés de plein fouet par la crise. Les banques qui ont financé ces entreprises vont ressentir les effets de leurs difficultés. Les exportateurs ivoiriens ne peuvent pas expédier leurs marchandises,… Tout cela va se répercuter sur les comptes de résultat des banques.

Et ce n’est pas tout. Nous avons démarré l’année 2020 avec des prévisions en termes de budgets, de développement,… Cependant, les entreprises de nos portefeuilles clients vont peut-être reporter leurs investissements. C’est-à-dire que même si l’entreprise sait qu’elle est capable de faire face à cette crise, ses plans peuvent être reportés à l’année prochaine ou à plus tard. Par ailleurs, il est possible qu’au bout de trois à six mois, certaines entreprises s’en sortent et que d’autres fassent peut-être faillite. L’urgence aujourd’hui est de faire en sorte de passer cette période orageuse de la meilleure manière.

En tant que établissements bancaires, nous sommes conscients de notre rôle de service public. C’est la raison pour laquelle nous restons ouverts et continuons de regarder avec nos clients, mais aussi avec l’Etat, comment sortir de cette situation difficile. Nous espérons y arriver très rapidement.

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Auteur: Ristel Tchounand

Source : LA TRIBUNE AFRIQUE

Date : 27 avril 2020

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