N-M DU 28 JUIN 2018: Interview du D.G de la SIB

NEWSMARKET DU 28 JUIN 2018: DAOUDA Coulibaly, DG de la SIB rassure…

Interview réalisée par JO, envoyé spécial en Côte d’Ivoire

Où en est le groupe Attijariwafa bank ? Déjà, en 2015, votre maison mère avait financé la Côte d’Ivoire à hauteur de plus 150 milliards de F.CFA.

L’investissement que vous évoquez avait fait suite au rachat de la SIB (Société ivoirienne de banque) par Attijariwafa bank. Nous sommes une banque univer­selle avec un réseau d’agences, et des marchés spécia­lisés à destination des grandes entreprises, du Middle Market, du Retail Banking… Nos équipes sont devenues plus « agressives » et nous avons élargi notre réseau en passant de 13 agences en 2009 à 58 agences.

AGENCE SIB

La question de la sous-bancarisation se pose-t-elle toujours en Côte d’Ivoire avec autant d’acuité ?

Oui, malheureusement, le problème est réel. Moins de 15 % des Ivoiriens ont un accès à la banque. Les banques jouent leur rôle avec l’extension de réseaux. En créant des agences, nous permettons aux populations de pouvoir ouvrir un compte. Chaque année, nous « banca­risons » plus d’une vingtaine de milliers de personnes.

À quoi est due cette réticence de la population à aller vers les banques ?

C’est une conjugaison de plusieurs facteurs. Les gens ont appris pendant longtemps à fonctionner sans une banque. Il faut donc arriver à les convaincre que dans leur intérêt, il est important d’avoir un compte bancaire surtout s’ils veulent faire des affaires ; c’est une question de crédibilité et de traçabilité de leurs activités. Beaucoup d’argent en liquide circule de main en main, de sorte que les gens ne voient pas forcément l’intérêt de se bancariser. De plus, pour une partie de la population notamment les bas revenus, la banque est encore considérée comme étant réservée à une élite.

Enfin, il est possible que nous autres banquiers, appli­quions des frais encore trop élevés. Certes, la Banque centrale a rendu gratuits un certain nombre de services, mais nous sommes dans un environnement où les coûts élevés de structure et de fonctionnement ne permettent pas aux banques la gratuité des services.

Nous voyons aussi de nouveaux entrants dans le système bancaire. Aujourd’hui, nous sommes à plus de 27 banques et les nouvelles qui arrivent continuent de se mettre sur le même segment que les anciennes. Elles ne cherchent pas, par exemple, à se spécialiser en banque agricole, ou en banque du bâtiment.

Cette sous-bancarisation n’est-elle pas aussi liée à la réputation des banquiers ?

Le banquier n’est pas l’ennemi des entreprises, bien au contraire. Le banquier accompagne l’entrepreneur dans sa croissance et dans son développement. Le nombre de gens qui ont commencé doucement, que les banques ont accompagné et qui sont aujourd’hui devenus de grands acteurs est impressionnant ! Nous accompagnons nos clients pour qu’ils puissent accéder à un toit, acheter une voiture, scolariser leurs enfants ! Le banquier est un accompagnateur, nous à la SIB, nous nous voyons comme un créateur de développement, de croissance, de bonheur…

Le Mobile Banking s’impose-t-il comme une alternative à la sous-bancarisation ?

Il est une alternative, sans doute. Aujourd’hui, les populations africaines ont démontré leur capacité d’adaptation, à en juger par le nombre de smartphones. Elles bénéficient d’offres de services adossés. Ces nouvelles économies innovantes doivent être surveillées et contrôlées. Cela sécurise l’épargnant, et donne à l’État une idée des flux écono­miques. Le Mobile Banking est un moyen, en tout cas, d’inclusion financière.

La SIB a été élue Meilleur établissement du secteur financier en Côte d’Ivoire.

En toute humilité, nous partageons un sentiment de fierté, parce que tous les matins, à la SIB, ce sont des hommes et des femmes qui se lèvent, qui viennent à la banque, qui travaillent, qui essaient de donner leur meilleur d’eux-mêmes. Leur travail est ainsi reconnu, le service qu’ils rendent aux clients est reconnu ; notre métier, c’est d’abord les hommes et les femmes qui font la différence.

Pour autant, cette récompense nous donne des obligations. Nous devons continuer sur cette voie, faire plus et progresser davantage. C’est ce que j’ai dit à mes collaborateurs, nous devons voir ce prix comme un point d’étape, non comme un accomplissement.

PRIX DE LA MEILLEURE BANQUE

Comment fait la SIB pour échapper à la méfiance ?

Nous pratiquons un métier très simple : il faut être transparent avec ses clients. Leur dire ce que vous êtes capable de faire, ce que vous êtes capable de leur offrir ; savoir expliquer vos produits, de sorte que le client s’engage en toute connaissance de cause. Et nous exécu­tons les choix des clients, pas les nôtres !

Les banques tiennent toutes ce même discours…

Peut-être, mais notre ADN est africain, cela nous donne une sensibilité sur le continent qui fait que nous sommes différents des autres. J’insiste sur la qualité des hommes et des femmes. Une seule personne, en dépit de son intelligence, ne peut pas tout faire. Elle doit fédérer les directeurs et les collaborateurs dans un système de followerships, pour tirer, tous ensemble, la banque vers le haut. C’est ce que nous essayons de faire à la SIB. Ce qui fait que nous avons tous et toutes un engagement certain et solide avec notre établissement.

Le fait que le directeur général de la SIB soit ivoirien, à la tête d’une filiale d’une banque marocaine, est-ce important ?

Certes, en étant Ivoirien, j’ai une connaissance du marché, des acteurs, ce qui peut aider. Cela étant, le poste exige surtout quelqu’un qui est très bien formé, qui a un esprit agile, qui fait preuve de flexibilité et d’adaptation. C’est d’ailleurs le cas dès 2009 ; le directeur général qui est arrivé au moment du rachat de la banque était Marocain. Il a rapidement compris les enjeux et a mis la SIB sur la rampe ; nous ne faisons que marcher dans ses pas.

INTERVIEW

Comment la SIB a-t-elle progressé dans le peloton de tête des banques ivoiriennes, elle qui n’était que huitième, il y a peu ?

À fin décembre 2016, sur certains critères, nous étions effectivement sur le podium ! Si nous prenons le critère « dépôt clientèles », nous étions quatrièmes, sur les critères de « créances » et de « crédits aux clients », nous étions troisièmes. En matière de résultats, nous sommes bien sur le podium. Je n’ai qu’une explication, l’appui du groupe Attijariwafa et le travail et l’implica­tion des équipes.

Comment s’est présenté l’exercice précédent de la SIB ?

Nous avons, avec l’appui du groupe, apporté des innovations en matière de banque digitale, en matière de nouveaux produits et services, avec la création d’une plateforme crédit et consommation, d’une salle de marchés… À fin 2016, nous étions en avance sur le business plan présenté aux marchés lors de notre Offre publique de vente. Il était prévu un résultat autour de 16 milliards de F.CFA, nous avons fini à plus de 17 milliards.

Comment sortir des sentiers battus pour faire de l’inclusion financière une réalité ?

S’il y a de nouveaux entrants sur le marché et que nous faisons tous la même chose, nous aurons assez peu d’impact sur le marché. Il faut donc se poser les bonnes questions, pourquoi le taux de bancarisation reste-t-il si faible ? À la SIB, nous tentons de trouver les réponses permettant d’aller chercher ceux qui ne sont pas encore bancarisés. Et là, il faut sortir des idées préconçues pour aller vers de nouveaux produits et services qui soient adaptés à des populations spécifiques. Il faut sortir des idées préconçues pour aller vers des nouveaux produits et services qui soient adaptés à des populations spécifiques.

Nous arrivons à proposer des produits innovants, souvent seuls, parfois avec des partenaires. Nous proposons ainsi le Confirming, qui est un outil de financement des PME ; « le crédit conso » qui permet de finaliser un dossier d’octroi de crédit dans un délai maximum de 48 heures. En matière de partenariat, nous avons signé avec Cargill et la SFI un accord de financement des coopératives, qui a permis à des coopératives dans le domaine du café et du cacao d’avoir du matériel roulant neuf. Nous avons avec Cargill, la SFI et Orange, créé un produit visant à bancariser des milliers de planteurs ; ils peuvent avoir accès au Mobile Banking, adossé à un compte bancaire pour permettre l’inclusion financière. Bref, nous sortons du banquier classique qui attend les clients !

À terme, verrons-nous la SIB créer des filiales dans les secteurs de l’habitat et de l’agriculture ?

En nous associant avec Cargill, nous prenons une bonne option, parce que Cargill a beaucoup d’expé­rience dans le domaine agricole. Nous ne sommes pas encore sur ce segment de l’agrobusiness, à la différence de Cargill.

Comment votre banque accompagne-t-elle la Côte d’Ivoire vers l’émergence en 2020?

Nous jouons notre rôle pour accompagner le Plan national de développement. Nos équipes ont été désignées Meilleurs SVT (spécialistes en valeur du Trésor) au titre de l’année 2016 parce que nous avons su accompagner l’État dans sa levée de fonds sur les marchés.

Quels conseils donnez-vous aux Franco-Ivoiriens, membres de la diaspora, qui souhaitent investir en Côte d’Ivoire ?

Nous ne faisons pas de différence entre nos clients. Quel que soit celui qui se présente, qu’il soit sur le territoire ou qu’il vienne d’ailleurs, nous le recevons d’abord en tant que client. Nous regardons le projet qu’il nous propose et comment est structuré son business plan, est-ce un projet porteur ? Nous donnons les conseils nécessaires pour mieux présenter le projet. Il ne faut surtout pas qu’ils se contentent de venir avec une bonne idée ! Il faut que leur offre corresponde à un besoin. Ils doivent bien connaître le marché. Évidemment, on leur demandera un minimum d’implication financière, au minimum 20 % du projet global.

Que pensez-vous de la question de l’assainissement du secteur bancaire ?

La Banque centrale travaille sur la question avec le renforcement du nouveau dispositif prudentiel (Bâle 2, Bâle 3) et l’entrée en vigueur d’un nouveau plan comptable en début d’année. Sans oublier le seuil minimal de 10 milliards de F.CFA de fonds propres, que les banques devront toutes respecter très rapidement.

Quelles sont vos grandes orientations ?

Elles sont très simples : continuer de grandir, à étendre le réseau, faire croître notre niveau d’emplois, donc de crédits, notre niveau de dépôts, donc de ressources, et être toujours à la pointe de l’innovation. Nous devons être à l’écoute du marché, à l’écoute des clients, de leurs besoins et mettre à leur disposition les produits et services adaptés.

Société concernée: SIB

Auteur: JO

Source: http://magazinedelafrique.com/cote-divoire-daouda-coulibaly-dg-de-sib-affirme/

Date: 25 mai 2018

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Bonne nouvelle pour les investisseurs, le prochain CAFE DE LA BOURSE aura lieu le samedi 28 juillet 2018 de 14h à 18h sur les points habituels:

Traitement des difficultés rencontrées par les investisseurs dans leurs prises de position

Analyse de quelques opportunités d’investissement

Enseignement de renforcement de capacités.

Réservations aux contacts ci-dessous

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