DECRYPTAGE: ETIT, COMMENT EN EST ON ARRIVE LA?

Cet article s’adresse à tous ceux qui investissent en bourse et plus particulièrement les actionnaires d’ECOBANK. Depuis quelques semaines, nous assistons à une chute vertigineuse du titre ETIT à la BRVM. Considéré comme une promesse de gain à long terme, ETIT est en passe de devenir le cauchemar des investisseurs. Comment on est arrivé là et que faire aujourd’hui. ?
Bienvenue dans le 6e hors-série de l’année 2016.
Cet article sera long, pour cette raison j’ai décidé de le publier en trois parties
I- Les causes lointaines de la chute
II- Les évènements qui ont tout précipité

1ere PARTIE : LES CAUSES LOINTAINES

L’histoire pourrait débuter avec l’augmentation de capital d’ECOBANK qui a eu lieu entre le 25 aout et le 03 octobre 2008. Cette opération devait permettre de lever 2,5 milliards USD. Ces fonds avaient pour but de financer le plan de développement de la banque vers de nouveaux pays et renforcer sa plate-forme technique. Le prix d’émission de l’époque était de CFA 127 pour les nouveaux actionnaires. Ce plan a eu un certain succès commercial mais le titre n’a cessé de chuter entre 2009 et 2015.
Pour mieux comprendre ce phénomène, regardons de plus près la richesse crée par la banque et sa politique de rémunération.

I- STAGNATION DE LA RICHESSE CREEE POUR LES ACTIONNAIRES

Entre 2009 et 2014, les performances commerciales d’ECOBANK ont été très appréciables. Le P.N.B a été multiplié par 2,5 en 5 ans (de 826 USD millions à USD 2,2 milliards) soit une hausse de 50% par an sur cette période. Les autres agrégats ont été aussi fortement impactés. Le résultat net par groupe est ainsi passé de USD 51 millions en 2009 à USD 337,8 millions en 2014 soit une hausse de 660% en 5 ans. Malheureusement, cette croissance n’a eu que peu d’impact sur le résultat par action. En effet, le plan de développement d’ECOBANK a été financé par de multiples augmentations de capital et des emprunts sur toute cette période. Certains de ces emprunts avaient un caractère spécial, ils étaient convertibles en actions. Le cas le plus édifiant est celui octroyé par le sud-africain NEDBANK. Cette banque qui avait prêté USD 285 millions à ECOBANK a finalement converti cette créance en 2,478 milliards d’actions en octobre 2014. Et cette opération n’est pas unique en son genre. Ainsi durant toute cette période, le nombre d’actions a beaucoup augmenté.
Cela a eu pour conséquence de diluer la richesse créée par la société tout au long de cette période.
Pour mieux comprendre cette situation, pensez à un père de famille qui a une femme et un enfant. Avec un salaire de 300 000 par mois et une famille de 3 membres, il dispose de 100 000 environ pour s’occuper de chaque personne (lui compris). Maintenant, supposons maintenant que l’entreprise lui accorde une augmentation de 25% et que dans le même temps, sa femme fait des jumeaux. Nous nous retrouvons avec un salaire de 375 000 avec cinq personnes à gérer soit 75 000 pour gérer chaque personne. Vous pouvez constater que malgré le fait que son salaire ait augmenté, ce père de famille se trouve dans une situation plus difficile que précédemment.
Pour en revenir à ECOBANK, au 31/12/2008, il y’avait 8,73 milliards d’actions pour un résultat net par groupe de USD 94 millions soit un résultat net par action de 1,39 cent USD. Au 31/12/2014, le capital de la banque comprenait 22,450 milliards d’actions pour un résultat net par groupe deUSD 337 millions soit un résultat net par action de 1,83 cent USD. En somme, tandis que le résultat net global était multiplié par six en 5 ans, la richesse crée par action n’a progressé que de 30%. Cette situation a pénalisé les investisseurs notamment au niveau de la rémunération.

II- FAIBLESSE DE LA REMUNERATION POUR LES INVESTISSEURS

Pendant toute cette période, la stagnation du résultat par action n’était pas le seul ennemi des investisseurs. Les équipes dirigeantes d’ECOBANK avaient un objectif de croissance externe pour lequel, la rémunération des investisseurs a été reléguée au second plan. En effet, il était question de prendre pied sur la plupart des marchés porteurs du continent afin de réaliser véritablement le concept de Banque panafricaine. Dans ce contexte, les revenus générés par l’activité étaient plus orientées dans le plan de développement que dans la politique de rémunération. Ainsi entre 2010 et 2014, la banque n’a distribué des dividendes que sur 3 exercices alors qu’elle a réalisé des bénéfices sur les cinq années. Mais plus grave, le taux de distribution (quotient du dividende sur le résultat net) n’a été que de 27% contre 30% durant la période allant de 2005 à 2009. En langage plus simple, ECOBANK a distribué moins d’argent moins souvent à ses actionnaires entre 2010 et 2014 que par le passé.

Ces deux phénomènes combinés ont entrainé un désintérêt progressif des investisseurs pour cette valeur. Ce désintérêt a généré un retrait progressif de cette position, retrait qui a lui-même tiré peu à peu la valeur vers le bas. Ainsi alors que le titre se négociait à 95f au 02/01/2009, il ne valait plus que 50f au 31/12/2014 soit une baisse de 47% en 5 ans.

III- LES EVENEMENTS RECENTS QUI ONT PRECIPITE LA CHUTE

A partir de 2015, trois évènements et situations ont accentué la déroute du titre ETIT à la BRVM. Dans l’ordre chronologique, nous pouvons citer :
Un environnement des affaires défavorable à partir de 2015
Le désintérêt des investisseurs du marché secondaire au profit des OPV
La cassure de la plus ancienne ligne de support

1- L’environnement des affaires défavorable à partir de 2015

Plusieurs évènements qui sont survenus à partir de 2015 ont fait naitre de l’inquiétude au niveau des investisseurs. En premier lieu, les problèmes de management du groupe avec en ligne de mire, l’affaire THIERRY TANOH qui s’est soldé par une amende de CFA 7 milliards à l’encontre de la banque. Ensuite, nous avons assisté durant l’année 2015 à une chute du prix du baril. La conséquence logique de cette situation est une contre-performance économique des pays producteurs de pétrole dont le Nigéria où ECOBANK réalise 40% de son activité. Dans ces conditions, certains investisseurs ont commencé à alléger leur position sur ce titre craignant de mauvais résultats pour 2015. Ces inquiétudes se sont avérées exacts car non seulement les résultats de 2015 ont été mauvais mais cela a été en grande partie le fait des provisions pour dépréciation sur des actifs au Nigéria.

2-  Le désintérêt des investisseurs au profit des OPV
Depuis le début de l’année 2016, plusieurs offres publiques de vente d’actions sur le marché primaire sont annoncées à la BRVM. Si tout se passe bien, quatre nouvelles valeurs (SIB, NSIA BANQUE, SUCRIVOIRE, CORIS BANK) pourraient faire leur entrée avant la fin 2016. Dans ces conditions, un grand nombre d’investisseurs ont commencé à revendre leurs positions initiales en vue de récupérer de la trésorerie pour participer à ces opérations. Selon des informations reçues de mes contacts dans les SGI, un grand nombre de souscripteurs de FCP ont aussi demandé le remboursement de leurs fonds. Dans ces conditions, le marché est marqué par un grand mouvement vendeur qui tire les valeurs vers le bas. L’indice BRVM-Composite qui était en hausse jusqu’en fin mai 2016 (+0,59%) est depuis lors passé dans le rouge. Ce désinvestissement a affecté toutes les valeurs tant celles qui ont de bons résultats en 2016 (UNIWAX par exemple) que des titres comme ETIT qui se cherchent encore.

3- Cassure du plus ancien support

La dernière note à cette mélodie funèbre est venue à la cassure du plus ancien support de l’action ETIT. Un support peut être défini simplement comme un niveau de prix sur lequel le cours s’est posé à de multiples reprises. Il constitue un seuil psychologique à partir duquel les acheteurs sont prêts à revenir sur la valeur. Un cours de bourse peut avoir plusieurs supports dans son évolution mais les plus significatifs sont les plus récurrents ou les plus anciens.  Dans le cas d’ETIT, on peut distinguer une zone de support entre 33 et 37f. Ce niveau a été atteint la 1ere fois le 04/06/2009 entrainant un rebond spectaculaire à 62f le 02/07/2009. La dernière fois que ce phénomène a eu lieu, l’action a touché son plus bas niveau à 33f le 15/01/2013 avant de repartir à la hausse pour atteindre 60f le 06/03/2013. C’est la même situation que nous avons connu en 2016 sauf que cette fois ci, l’action a cassé le support pour descendre en dessous de 32f puis de 30f. Cette cassure a entrainé un mouvement de panique auprès de certains investisseurs qui ne sachant pas jusqu’ ou l’action descendrait ont préféré vendre. Le fort mouvement vendeur engagé a amplifié la tendance baissière et le cours a touché la barre de 20f le 19/08/2016.

QUE RETENIR ?

La bourse est un marché, pas un supermarché. Dans un supermarché, vous entrez, vous achetez un écran plasma et vous l installez chez vous. Même s’il perd de la valeur à chaque année, cela n’a aucune importance pour vous tant qu’il vous donne les images. Une action a pour but de vous rapporter des revenus et de prendre de la valeur. Quand elle ne remplit aucune de ses fonctions, elle ne vous sert à rien. Vous devez donc avoir une véritable stratégie pour miser sur des valeurs qui vous rapporteront effectivement de l’argent.

Entre 2009 et 2014, la société ECOBANK était clairement orientée vers son plan d’expansion. Elle consacrait la majeure partie de ses revenus à financer ses expansions et les actionnaires recevaient la portion congrue. Entrer sur cette valeur dans cette période n’était pas une très bonne idée sauf pour les spéculateurs. Par contre depuis 2015, la vision managériale a changé. La création de richesse pour l’actionnaire est revenue au centre de l’action des dirigeants. C’est donc une meilleure période pour acheter des actions ETIT surtout quand le cours atteint 22f (PER de 6, rendement de 5,4%)

Merci de nous avoir suivi. Si vous avez aimé cet article, et si vous pensez qu’il peut aider quelques personnes à mieux comprendre la bourse, invitez les à rejoindre notre groupe, C EST GRATUIT. Et si vous avez des questions sur ECOBANK ou une autre compagnie, L’ECOLE DE LA BOURSE organise chaque mois une formation dénommée ATELIER DE LA BOURSE.

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